Article dans le Soir du 13/11/2023

Votre entreprise prend-elle les bonnes décisions pour vous et pour la planète?

Dans notre roman graphique « Hé Patron! Pour une révolution dans l’entreprise » qui vient de paraître au Seuil (Paris), nous racontons une histoire : celle du Soup Group et de la place des investisseurs et investisseuses en travail dans les décisions stratégiques de l’entreprise. Nous ? Une équipe de chercheuses et chercheurs du monde entier. Nous proposons une transition démocratique dans l’entreprise. Quelques extraits de l’entretien d’Isabelle Ferreras dans Le Soir du 13/11:

Extrait 1 :
Les intérêts des humains et de la planète préoccupent de plus en plus… On voit de jeunes diplômés refuser d’intégrer un système qu’ils réprouvent ; 83% des travailleurs déclarent vouloir agir sur l’impact environnemental de leur entreprise mais affirment qu’ils n’en ont pas le pouvoir. Voyez la demande des travailleurs de la raffinerie Total à Anvers de s’engager pleinement dans la transition écologique, alors que la stratégie d’entreprise les ignore complètement pour privilégier les dividendes pour les actionnaires. Voyez le front commun syndical chez Nestlé Waters à Vittel qui a construit depuis des mois un plan de reconversion industrielle pour économiser l’eau mais la direction préfère licencier 156 personnes. C’est logique : elle n’a de comptes à rendre qu’aux actionnaires.

Extrait 2 :
Le Soup Group est l’archétype d’une entreprise éthique, elle devient même entreprise ‘à mission’. Mais très vite, la réalité les rattrape. Le contrat de travail, avec son principe de subordination, rend les travailleurs incapables d’exercer leur liberté démocratique et d’influencer  le développement de l’entreprise. Ils sont impuissants face à l’utilisation de couverts jetables permettant de rafler un grand marché dans un aéroport ; ou face au recours à des livreurs de l’économie de plateforme… Cela est la conséquence directe de la structure juridique de l’entreprise, qui n’accorde de pouvoir qu’aux apporteurs de capitaux ; et aucune voix à ceux qui « investissent » leur travail. Contre ce « despotisme du capital », nous montrons qu’on peut imaginer une forme démocratique d’entreprise, où les travailleurs auraient un droit aussi important pour peser sur ces décisions, qui sont celles de « leur » entreprise également. En Belgique, si on pense aux travailleurs de Delhaize par exemple, ça devient immédiatement concret.

Extrait 3 :
…je crois que les scientifiques ont aussi la responsabilité d’aider à trouver les solutions aux problèmes qu’ils analysent : serions-nous satisfaits du travail de l’oncologue qui décrirait le fonctionnement des cellules cancéreuses sans chercher à comprendre comment guérir le patient ? Identifier des solutions et les mettre au service de la société font intégralement partie de notre rôle de scientifique… <ensuite> c’est à la société de décider, pas aux scientifiques.

Un grand merci à Dominique Berns.

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